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Amhan, la cité Naine, était ... impressionnante. Il y régnait un froid glacial, pourtant les Nains ne semblait pas y faire attention. Ceux-ci creusaient des mines des jours durant, forgeaient jusqu'à épuisement et ingurgitaient des quantités extraordinaires de bière et autres alcools du même genre. Ces petits êtres étaient pour la plupart bourru, et tous barbus. Même les femmes. Aussi haut que large, ils semblaient être de formidables réservoirs de force physique pure. Toutes les 5 minutes, une bagarre éclatait pour une hache ou un marteau "emprunté", pour montrer qui était le plus fort, bref, pour tout et pour rien. Ava et T'aden, encadrant leur Roi en frissonnant, le suivirent jusqu'à un minuscule château. La décoration n'avait rien d'exceptionnel, et la propreté laissait fortement à désirer. Une couche de boue recourait le sol de marbre. Le Nain les conduisit jusqu'à la salle du trône, les deux Elfes obligés d'avancer courbés, sous peine de se fracasser le crâne contre le plafond de pierre. Ils arrivèrent enfin dans une salle bondée où ils purent se relever complètement. Puis ils s'aperçurent qu'il n'y avait pas de plafond, qu'elle était à ciel ouvert. Le ciel mauve était couvert par des nuages grisâtres annonciateurs de pluie. Le sol était un peu plus propre que dans le reste du château, la couche de boue étant plus fine ici. Le Roi grimpa sur son trône en pierre, et une jolie Naine, pour autant qu'une naine puisse être jolie, s'avança jusqu'à lui, le regard plein d'admiration. Ses cheveux et sa barbe rousse étaient exactement semblable à celle de Raval. En revanche, si les yeux du Nain étaient verts, les siens étaient d'un noir profond. Elle s'assit sur le second trône, et ils comprirent qu'il s'agissait de la Reine Fan. La foule de Nain se tut et le Roi commença son discours. Il raconta les malheurs des Humains, comment il leur avait promis l'aide de son peuple, et enfin comment il avait fait plier la grande Reine des Elfes à ses exigences. Des murmures d'inquiétudes s'élevèrent, que le Roi apaisa par un geste de la main.
- Les Elfes nous aideront, déclara-t-il solennellement. Maintenant, permettez-moi de vous présenter l'Héritière du royaume des Elfes, Ava Mareva d'Al'andis.
La jeune fille déglutit. Que devait-elle faire ? Un discours ? Elle s'avança jusqu'au Roi et lui lança un regard alarmé. Celui-ci lui ne fit pas le moindre geste. Ava se tourna vers les Nains curieux et s'exprima avec une voix un peu trop tremblante à son goût :
- En effet, je suis une descendante d'Al'andis. Je tiens à vous informer que je soutiens la décision de vous allier aux Humains. Nos trois peuples, s'ils s'unissent, peuvent triompher des Dragons.
Un Nain fendit la foule et se planta devant elle :
- Les Dragons ont failli nous battre, la dernière fois. Et encore, nous avions enchanteurs, Géants, Trolls et Fées de notre côté. Comment parviendront-nous à les vaincre cette fois ? C'est du suicide !
- Je suis une enchanteresse, répondit-elle. La Reine des Elfes également. Et vous êtes des Nains ! Qui peut prétendre vous effrayer ?
Là, elle avait marqué un point. Les Nains détestaient avouer leur peur.
Son adversaire, ne sachant plus quoi répondre, tourna les talons et sortit de la salle en râlant. La suite fut un peu précipitée, car le Roi, voulant éviter les questions embarrassantes, expédia la séance le plus vite possible. Quelques minutes plus tard, T'aden et elle étaient dehors, sous le blizzard hurlant, regrettant de ne pas avoir prit de vêtements plus chauds. Ils marchèrent jusqu'à une auberge qui avait apparemment un toit plus haut que les autres. Elle était tenue par une naine de grande taille, ce qui signifiait qu'elle arrivait presque à la poitrine d’Ava. La gérante, avec une barbe blonde comme les blés, se nommait Guarik, et les conduisit dans une des plus grande chambre. Elle leur annonça qu'ils étaient invités, car Raval se chargeait de payer tous leurs frais. Heureusement, car aucun d'eux ne possédait de monnaie naine. A leur grand étonnement, la chambre, attribuée à Ava, était d'une propreté immaculée. Enfin presque. Pas de boue ou de crasse au sol, pas de rat, seulement une araignée de la taille d'une main au mur. Les vitres étaient opaques de poussière, et ne laissaient pas passer la lumière. Une petite lampe suspendue au plafond, une luciole brillante enfermée à l'intérieur, se chargeait d'éclairer la chambre. Une autre chambre identique à celle-ci, destinée à T'aden, se trouvait de l'autre côté du couloir, en face. Guarik les laissa seuls, et Ava demanda au bel Elfe :
- Je ne connais que deux enchanteurs, mais la Reine Anya a parlé d'un troisième. Sais-tu qui est-ce ?
- Non, aucune idée. Mais je suis un des seuls à en connaitre un autre : Le Roi Humain Alân.
- C'est vrai ? s'écria-t-elle. Comment l'as-tu appris ?
- Je suis un des messagers de ma Reine, et je suis arrivé un jour que le Roi restaurait magiquement un vase cassé. Quand j'ai vu les morceaux se recoller sans qu'il ait besoin de les toucher, j'ai compris. Il m'a fait jurer de garder le secret, mais je pense que tu dois savoir. Je ne sais même pas si Mariann, la Reine, est au courant.
- Mmh, fit la jeune fille en réfléchissant. Nous sommes donc trois, plus un quatrième qu'Anya connait. Mais nous ne sommes toujours pas sûrs que les Elfes entrent en guerre.
Ava s'effondra sur le lit et T'aden la prit dans ses bras pour la réconforter. Et se réconforter en même temps. Ils s'étreignirent longtemps, et la jeune Elfe se demanda pourquoi il ne l'avait pas embrassé à nouveau. Comportement typiquement féminin. Une guerre planait sur leurs têtes et elle se souciait de ses problèmes de cœur !
Au beau milieu de la nuit, Ava, allongée dans son lit sans parvenir à dormir, entendit des bruits au dehors grâce à ses sens désormais surdéveloppés d’Elfe. Elle s’approcha de la fenêtre, souhaita qu’elle devienne propre, et une fois le verre transparent, jeta un regard dans la rue mal éclairée. Elle vit deux Nains, probablement saouls, se battre, quand un Elfe leur sauta dessus et les neutralisa en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Il traîna les deux petits êtres contre le mur et continua à marcher dans la rue, les bras serrés contre son corps pour tenter de se réchauffer un peu. Ava s’habilla prestement, « pensa » des vêtements chauds et couru rejoindre son bel Elfe. Il l’entendit bien avant qu’elle l’ait rejoint et sans un mot, marchèrent jusqu’au château du Roi.
T’aden prit la main de la jeune fille impulsivement et celle-ci s’arrêta net. Elle plaça sa main libre, tremblante, derrière la nuque du bel Elfe et l’attira vers elle. Ils s’embrassèrent devant la muraille du château, sans que personne ne les voient. Ils marchèrent encore un peu avant de repartir vers l’auberge. Là, Ava demanda brusquement :
- Quel âge as-tu ?
Le splendide Elfe sourit :
- 18 ans. Je suis un peu plus âgé que toi, il me semble.
- Oui, d’après Gherb, j’ai 16 ans.
- D’après Gherb ? Tu ne lui fais pas confiance, apparemment.
Ava secoua négativement la tête.
- Comment accorder sa confiance à un reptile qui manipule peut-être les gens ?
Elle se tût puis reprit :
- Pourtant, c’est lui qui m’a aidé quand j’ai perdu la mémoire, lui qui m’a expliqué mon don, lui qui a fait fuir une fois le Maître des Ombres. Je n’arrive tout de même pas à le considérer comme un ennemi.
Le soleil commençait à se lever, le ciel se coloriait peu à peu de violet, et les nuages d’un gris menaçant de la veille étaient toujours là.
- Que sais-tu sur le royaume des Nains ?
- En fait, ce n’est pas un véritable royaume. Leur territoire est grand et situé en plein désert glacé. (Je vous scannerai la carte lorsque mon scanner sera ressuscité) Mais il n’est composé que d’une seule ville, la citée enfouie d’Amhan. Les Nains ont creusés jusqu’à ce qu’elle soit à ciel ouvert, mais nous sommes loin au dessous du niveau de la mer. Le reste n’est que souterrains, mines et galeries. Malgré la désorganisation apparente, le Roi raval gère ses sujets d’une main de fer. S’il décide de participer à la guerre, personne parmi les Nains ne s’y opposera.
- Et le Nain qui m’a tenu tête, tout à l’heure ?
- Il voulait simplement que son opinion soit exprimée. Ce qui est d’ailleurs l’opinion de la majorité des Nains. Mais si leur Roi a dit qu’ils participeraient, aucun ne le contredira.
Ava se rendit compte de quelque chose, dans sa voix. Il avait le mal du pays ! S’il avait quitté le royaume des Elfes, c’était pour la suivre, elle. Elle se trouva extrêmement cruelle. Il fallait qu’elle retourne en Al’andis avec lui et se débrouille pour qu’il y reste. Elle se mit à réfléchir à en avoir de la fumée qui sortait des oreilles pour se « débarrasser » de lui. Elle ne devait pas le faire souffrir, et surtout le mettre en danger. L’homme en noir était toujours à ses trousses. D’ailleurs, cela faisait longtemps qu’il n’était pas passé à l’attaque. Elle allait finir par s’ennuyer !
Suite dans le Chapitre 10 : La vengeance du grand frère